SÉJOUR DANS L'EMBRUNAIS, du 8 au 15 septembre 2012
Lac de Serre-Ponçon
Formé suite à la construction d'un barrage, le lac de Serre-Ponçon est le plus grand réservoir d'eau d'Europe sur lequel se reflètent les montagnes du parc des Ecrins en plein cœur de la vallée de la Durance.
Il a cinquante ans, les villages de Savines et d'Ubaye ainsi que le hameau d'Ile de Rousset disparaissaient pour toujours sous les eaux de la Durance et de l'Ubaye. Pour les habitants qui perdirent leur maison, leur école, leur église et leur passé ce fut un déchirement. La construction du barrage de Serre-Ponçon, un ouvrage considéré indispensable pour alimenter en eau et en électricité la région en apprivoisant l'Ubaye et surtout la Durance. En 1843 et 1856 des inondations avaient dévasté la vallée et l'idée avait germé. En 1912, un ingénieur alsacien, Ivan Wilhelm, déniche l'endroit idéal pour le barrage, à l'emplacement d'un goulet, à l'aval de la convergence des deux rivières. Les habitants de la vallée n'y croyaient pas jusqu'en 1955 lorsque le chantier débute. Plusieurs villages situés dans les vallées de la Durance et de l'Ubaye disparaissent, la côte maximale du lac est fixée à 780 m. On dynamite les constructions pour des raisons de sécurité, même les arbres sont rasés. L'église du Vieux Savines est détruite en dernier, le 3 mai 1961. Les habitants d'Ubaye ne veulent pas que leur cimetière disparaisse sous les eaux, ils le déplacent et le remontent sur la route du Sauze du Lac. La mise en eau, lancée le 16 novembre 1959 dure 18 mois et la côte maximale de la nouvelle étendue d'eau est atteinte le 18 juin 1961. Ivan Wilhelm ayant conçu le barrage meurt en 1951 et ne verra donc jamais la réalisation de son projet.
Il s'avère qu'à Serre-Ponçon on ne peut construire un barrage en béton car le fond rocheux est enfoui sous 110 m d'alluvions. EDF choisit de réaliser un barrage en terre inspiré de techniques américaines car ce type de construction accepte plus facilement les déformations en cas de tremblement de terre.
La chapelle Saint Michel du XII ème siècle, vouée à la destruction, EDF décide de la conserver puisqu'elle émergera du lac.
Nous sommes hébergés au village de Chadenas. Dans les années 70, une équipe de militants associatifs normands lance l'idée (un peu folle) de rénover l'ancienne ferme de Chadenas pour y créer un village de vacances, à la fois populaire et de qualité. Pari difficile, mais pari réussi ! Dans le cadre presque millénaire de l'ancien chai de l'abbaye de Boscodon, une réussite.
Dimanche 9, dès le lever, le Grand Morgon nous nargue du haut de ses 2 324 m
Nous avons hâte de fouler ces montagnes de lumières … pas à pas, partir à la découverte de la faune, la flore, l'habitat du patrimoine des vallées environnantes. Suivre un torrent, rejoindre une cascade et nous laisser surprendre par le sifflement d'une marmotte !!
En passant devant l'abbaye de Boscodon, nous décidons de la visiter au retour de la randonnée. Départ au Grand Clôt, une clairière ombragée, sur un chemin qui s'élève dans la forêt jusqu'au cirque de Morgon. Arrivés sur la crête un passage aérien appelle à la prudence avant de continuer vers le sommet. Un panorama exceptionnel sur 360 ° sur la vallée de l'Ubaye, la vallée de Réallon et les aiguilles de Chabrières et à nos pieds le lac de Serre-Ponçon, pause repas au sommet …
Nous passons un moment de pur bonheur entourés de paysages magnifiques.
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Une longue descente pour revenir dans le cirque de Morgon, grand plateau d'alpages pratiquement sans arbres où les montons sont venus se désaltérer dans un vaste enclos autour de la bergerie.
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Au retour nous nous arrêtons comme promis à l' Abbaye de Boscodon.
Située à 1150 m alt., au cœur d'une sapinière exceptionnelle enserrée dans un écrin de montagnes, l'abbaye est un remarquable monument du XII ème sièce. Fondée en 1130 par Guillaume de Montmirail, elle fut 12 ans plus tard affiliée à l'Ordre de Chalais en Chartreuse et devient l'abbaye la plus importante de l'ordre, vivant de l'exploitation forestière et de l'élevage. Au cours du XIV ème siècle, d'incessantes guerres et de fréquents raids de pillards mirent à sac les bâtiments monastiques et le cloître, épargnant heureusement l'abbatiale. À la fin du XIV ème siècle, l'abbaye de Boscodon fut unie à l'abbaye bénédictine de Saint Michel de la Cluse en Piémont. Cette union ne dura que quelques années, Boscodon resta Bénédictine. Vendue comme Bien National en 1791, l'abbaye est devenue, durant près de 200 ans le cœur d'un petit hameau rural. Depuis trente ans, sous l'égide d'une association qui la remembre, la restaure et l'anime, elle revit sur les plans culturel et spirituel. L'abbaye séduit par sa pureté, sa luminosité et son harmonie des volumes.
Marthe À suivre …