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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 11:26

Vendredi 1er juillet 2011

 

Entre Loue et Dessoubre, entre monts et vallées, la magie de la nature !

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  le monastère niché au fond du cirque


Fait géologique, typique, d'effondrement quaternaire et glacière, à l'époque de formation de l'arc.


Le Cirque de Consolation, appelé également Val de Consolation, est une reculée du massif du Jura située dans le département du Doubs, sur le territoire de la commune de Consolation-Maisonnettes. Cette reculée qui constitue une échancrure prononcée et arrondie dans le plateau de Maîche-Le Russey a été formée par un effondrement glaciaire à l'ère quaternaire au moment du plissement alpin. Des falaises de 350 m ferment le cirque où naissent le Dessoubre et aussi les sources intermittentes du Tabourot et du Lançot, ce dernier commence par une cascade de 47 m alimentée lors des fortes pluies ou encore lors de la fonte des neiges. Le belvédère de la Roche au Prêtre offre un point de vue remarquable sur le site, découvrant la petite vallée et les bâtiments d'un ancien monastère isolé dans les bois.

 

La présence humaine y est très ancienne puisqu'elle est attestée dans les grottes près de la source du Lançot à l'âge de bronze. L'histoire est ensuite marquée par l'édification, au-dessus des falaises, à Châtelneuf-en-Vennes, d'un château fort à la fin du XIV ème siècle qui sera détruit en 1639 pendant la guerre de dix ans et ses pierres seront utilisées pour la construction d'un monastère dans la vallée en 1670. L'édifice sera plus tard transformé en séminaire avant de fermer ses portes en 1978.

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la grande grotte dans la montée à la roche du Prêtre

 

Tantôt, l'eau jaillit avec force et tumulte, s'engouffrant entre les rochers avant de plonger de près de 50 m dans le vide, tantôt, l'eau est totalement absente. Le lieu est alors d'un calme religieux. Il est propice à la résonance. C'est en ces périodes qu'il ouvre ses portes au monde de la spéléologie. Le calcaire est soluble sous l'action du gaz carbonique présent dans l'eau. Il est lentement érodé, usé, creusé. Ce phénomène se passe en grande partie à l'abri des regards, au cœur de la roche et donne lieu à des cavités souterraines. Ici c'est le recul progressif de la falaise sous l'effet de l'érosion qui a mis au jour cette cavité, la grande grotte. Pour découvrir ce qui se cache derrière cette salle, dans le réseau souterrain, des études spéléologiques ont été menées. Elles ont révélé l'existence de deux autres salles de volume équivalent.

 

De tout temps, et comme pour beaucoup d'autres grottes, l'homme a utilisé ce lieu comme refuge. Ainsi, dès l'époque préhistorique, cette grotte aurait été habitée. Cependant, la certitude de son occupation est attestée par la découverte d'objets datant de l'âge de bronze (2000 ans avant JC) puis de l'âge de fer (800 ans avant JC). Des pièces de monnaie à l'effigie de Constance II datant du IV ème siècle après JC ont aussi été trouvées à proximité de la grotte Saint Catherine. Au Moyen-Âge, un ermite s'y serait également réfugié.

 

Pour comprendre la formation du Cirque de Consolation, il nous faut remonter à des millions d'années. À ce moment c'était l'ère secondaire, l'océan ne s'était pas encore retiré de cette région, et de puissantes couches de vase s'étaient entassées les unes sur les autres. C'est dans ces profondeurs que se constitua le sol jurassien. Au milieu de l'ère tertiaire, des bouleversements gigantesques se produisent qui donnent naissance aux montagnes, le massif alpin s'érige avec une telle violence qu'il relève les régions avoisinantes, parmi lesquelles, le Jura. Les terrains tendres sont alors soumis à une formidable érosion. D'autant plus forte qu'ils sont plus élevés. Or, au quaternaire, nous disent les géologues, apparaît une modification profonde dans la constitution de l'Atlantique. Il en résulte une époque prolongée d'humidité, entrecoupée de siècles de froid où les pluies diluviennes et les courants nés de la fonte des glaces emportent toutes les couches du tertiaire pour ne laisser que quelques traînées de craie dans le Jura dit plissé.

 

Il faut alors imaginer la région de Consolation comme une table horizontale dont sont témoins les plateaux environnants : les formations calcaires absorbant évidemment, par les nombreuses fissures les eaux de pluie.

 

Avec leur double pouvoir d'érosion, une usure mécanique (par frottement) et de corrosion, usure chimique, elles poursuivent inlassablement leur travail de sape. Petit à petit, les cavités s'élargissent. Les «piliers» souterrains s'amenuisent jusqu'à consolation-03devenir incapables de soutenir la grande «plaque» qui joignait les sommets des falaises que l'on voit aujourd'hui. Tout s'effondre !! Naît alors le Cirque de Consolation. (sources sur le net d'après L.Boiteux)

 

Du latin «circulus», cercle, emprunté lui-même au grec «kirkos», anneau, bague, cerceau. Le mot a d'abord désigné une «enceinte circulaire où l'on célébrait les jeux». C'est par analogie qu'on a appliqué ce terme à une plaine circulaire dans un massif montagneux. Autre cirque célèbre, celui de Gavarnie dans les Pyrénées.

 

Le départ se fait dans le parc du monastère en passant devant la roue à aubes. Tout au long du Dessoubre, (rivière, affluent du Doubs qui s'écoule du cirque de Consolation sur le territoire de Consolation-Maisonnettes à Saint Hippolyte suivant une combe parallèle aux gorges du Doubs) étaient installées des industries assez florissantes qui profitaient de la force de son eau torrentueuse. Le génie humain s'était employé à la domestiquer. Il suffisait de fixer, de façon appropriée, sur une roue suspendue, tournant autour d'un axe, des «aubes» - pales – pour que l'eau en y tombant fasse se mouvoir la roue. Cela donna donc la Roue à Aubes. Et pour que cette roue soit installée, à l'endroit le plus indiqué, on n'hésitait pas à créer un petit canal d'adduction en bois avec modulation de la chute d'eau, ce qui, par ailleurs permettait de ne pas gaspiller l'énergie.


Peu à peu, on améliora le système en remplaçant les pales par des godets, ainsi on prolongeait l'effet de la pression de l'eau. Le mouvement de la roue était ensuite transmis par engrenage ou par courroie à l'outil qu'on voulait actionner, scie ou martinet (sorte de gros marteau).

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Cette roue est la reproduction, par un bénévole du Centre (ancien monastère) d'un type de roue à aubes, nombreuses dans la vallée du Dessoubre.

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L'arc de triomphe dans le parc


Le premier oratoire édifié dans le Val de Consolation fut l'œuvre de Humbert de Villersexel, comte de la Roche, seigneur de Châtelneuf, vers 1438. Il l'avait dédié à la Vierge Marie, à Saint Jean Baptiste et à Saint Jean l'Évangéliste. Le conflit qui opposa Louis XI, roi de France, au puissant duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, valut bien des malheurs à la Franche Comté. Louis XI soudoya les Suisses contre son ennemi, leurs troupes, après la bataille de Granson firent des incursions en Franche-Comté et c'est au cours de l'une d'elles qu'en 1479 fut anéanti ce premier oratoire. Dans l'année qui suivit, Claude de la Pallud reconstruisit une chapelle et à partir de 1490, on inaugura l'ère des chapelains et religieux qui en avaient la charge. Hélas ! Le passage des Suédois, en réalité des mercenaires, commandés par Bernard de Saxe-Weimar, général suédois au service du roi de France Louis XIII, se soldera à nouveau par toutes sortes d'exactions et de destructions. En 1639, la chapelle sera incendiée. Cet Arc de Triomphe en est le seul vestige, son portail.

 

C'est à travers un merveilleux parc qu'on commence la balade … les cascades, les grottes se rencontrent au détour des sentiers, un paradis pour les randonneurs. Il ne faut pas s'arrêter et grimper jusqu'à la Roche du Prêtre, fantastique belvédère sur tout le parc de consolation et la vallée du Dessoubre. Des échelles grimpent, grimpent …

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Dommage qu'elles enlèvent un peu le charme que nous avons connu lors de notre dernière visite, mais sécurité oblige …

 

Entre les échelles des passages merveilleux se succèdent dans des vires impressionnantes ! Une fois dépassée, la grande Grotte, le sentier rejoint la roche du Prêtre. Les cascades manquent d'eau mais les paysages restent époustouflants.

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Des vires impressionnantes ...

 

Le cirque naturel culmine à 870 m d'altitude au sud du territoire communal. Sur le rebord de la falaise, le belvédère de la Roche du Prêtre offre une vue extraordinaire sur la vallée du Dessoubre et le parc de l'ancien monastère, d'où nous sommes partis, qu'il surplombe de 350 mètres. Sous nos pieds, coulent le Dessoubre, le Lançot, le Tabourot et la Source Noire et se cachent de nombreuses grottes.

 

À faire frémir … Consolation, terre de légendes, grottes et cascades à découvrir dans un abondant fouillis de verdure qu'on sait habité par les hommes depuis l'âge du bronze et à l'âge de fer I et II. On se retrouve hors du temps, à rêver, loin du bruit et du monde civilisé, un immense bonheur qui fait presque peur.

 

La Roche du Prêtre, c'est ici que le 23 juillet 1726, Guillaume Ignace Etevenard, vicaire à Mont-de-Laval, tomba dans l'abîme pour une raison inconnue.

 

Une légende dit que cette énorme roche cache l'entrée d'une grotte où vit le géant Dessoubre, sorte d'ogre sans foi ni loi qui sévissait dans le pays, enfermé là par un prêtre. Le prêtre fut précipité du haut de la falaise quelques temps plus tard par les amis du géant, d'où le nom de Roche du Prêtre. On raconte que l'eau s'écoulant de la source est la sueur du Géant. Une autre explication, plus rationnelle, rapporte qu'un prêtre fut précipité du haut de ce promontoire avec son cheval alors qu'il revenait de visiter l'une des fermes de la montagne.

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Le Monastère vu depuis la roche du Prêtre


Un oratoire a été érigé en 1432-1433 pour honorer Notre Dame de Consolation. Des ermites se sont installés dans la vallée sauvage. Au XVII ème siècle, répondant au vœu de sa mère, Ferdinand-François-Just de Rye, marquis de Varambon et seigneur des lieux, décide de fonder à Consolation une maison de religieux de Minimes, l'Ordre rigoureux de Saint François de Paule. À sa mort prématurée en 1657, il confie la réalisation du projet à sa femme en souhaitant être inhumé dans la chapelle de Consolation.

 

Le projet est retardé par un procès concernant l'héritage puis par l'attente de l'autorisation du roi d'Espagne qui administre alors, la Franche-Comté. Une nouvelle église est cependant construite et consacrée en 1665. En 1669 on y transfère solennellement les restes du marquis de Varambon, son mausolée majestueux, détérioré à la Révolution et restauré à la fin du XIX ème siècle, existe toujours dans une chapelle néo-romane achevée en 1682. En octobre 1669, la licence de Charles II d'Espagne arrive et les quatre premiers Minimes s'installent en mai 1670 avant même que ne débutent, au printemps 1671, les travaux qui dureront deux ans. Achevé en 1673, l'édifice forme un carré de 40 m de côté et les bâtiments enferment un cloître central alors que le quatrième côté est occupé par l'église. Les bâtiments comportaient un étage où se trouvaient 18 cellules alors que le rez-de-chaussée était occupé par la cuisine et les réfectoires. Les bâtiments transformés au XIX ème siècle pour servir de séminaire comporteront deux étages et pourront accueillir plus d'une centaine d'élèves.

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le mausolée en marbre du marquis de Varambon

 

Avec une inscription : « Apprends, Bourgogne, combien de héros tu as perdus en un seul, combien de flambeaux tu as vus s'éteindre qui brillaient pour toi – Apprends, voyageur, à quoi tiennent les magnifiques choses qui disparaissent à jamais en ce moment». Ce mausolée, restauré par les soins de l'abbé Delœuvre, supérieur du séminaire, a été classé monument historique le 29 janvier 1910. Il a été exécuté en 1670 à la demande de Marie-Henriette de Cusance et de Vergy, veuve du marquis.


Le monastère était à peu près désaffecté à la Révolution française et ne comptait plus que quatre moines quand il a été vendu comme bien national et transformé en dépôt de fourrage. Laissé à l'abandon, il est redevenu propriété de l'Eglise en 1827, a été transformé en petit séminaire en 1833, fermé en 1906 pour défaut d'élèves avant de rouvrir en 1920, toujours en tant que petit séminaire pour former de futurs missionnaires jusqu'à sa fermeture définitive en 1978. Depuis une Fondation du Val de Consolation gère les lieux et abrite des séminaires, stages, colloques et rassemblements familiaux.

 

Les bâtiments du séminaire abritent une importante collection d'oiseaux naturalisés.

Sur le retour, une visite à la roche Saint Catherine s'impose. Le sentier sur la corniche, escarpé, parfois technique, rejoint depuis l'oratoire la Roche Sainte Catherine, petit promontoire de roche blanche d'où le point de vue sur tout le Cirque de Consolation est saisissant. De nombreuses espèces d'oiseaux, notamment de rapaces, nichent et chassent dans les environs.

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La roche Sainte Catherine

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De retour au monastère, nous visitons le musée des oiseaux etc …

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dans la cour du séminaire

 

belle sortie …

 

à suivre, Marthe

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commentaires

F
Bonjour Marthala<br /> <br /> Quel temps fait -il fin aout au monastère ? <br /> Merci pour tous les commentaires et photos
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G
quant je vois tout cela et bien je rajeunie car j'y fait mes études et j'en rêve toujours c'était trop beau et aujourd'huit je suis prêtre encor mille merci
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A
Merci Marta pour vos précieuses infos; elles m'ont ramenées en arrière dans le temps...50 ans..j'y suis venue passée de belles vacances d'été avec mes camarades de pensionnat. A cette époque déjà,<br /> le site était connu et bcp visité. Il y avait un resto près d'une source mais à l'extérieur du séminaire; existe-t-il toujours ? Merci encore d'avoir si bien décrit cette merveille dont peu de gens<br /> connaisse la beauté.
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J
<br /> Une mine d'informations ici... (mais où les trouvez-vous ,) J'ai bien fait quatre ou cinq fois le site de Consolation... Mais jamais su qu'il y avait une grotte, ni jamais vu qu'on pouvait grimper<br /> jusqu'à la roche du prêtre.<br /> La grande cascade, j'ai pu la voir une fois... c'était grandiose... L'année dernière nous avons voulu faire le Belvédère Sainte Catherine... Mais une fois en haut, peut-être avons-nous loupé un<br /> panneau indicateur) nous n'avons plus trouvé de chemin... Faire demi tour, après être descendues assises sur les fesses, sur de hautes pierres,était risqué, nous avons préféré descendre à travers<br /> bois, pendant de longues minutes, glissant sur un terrain non stable avant de retrouver un chemin de terre... Une rando qui nous a laissé, à ma fille et moi, un mauvais souvenir.<br /> Dommage qu'on ne ne donne pas un plan détaillé des randos à faire à l'entrée du site...<br /> Encore un grand bravo pour vos reportages !<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> quelle belle rando. que du bonheur la France a des trésors il suffit de les chercher à la force de ces mollets.vive la marche et surtout un grand bravo à Marthala qui fait vivre ces aventures à<br /> travers le blog.<br /> schmoutz<br /> yves<br /> <br /> <br />
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